L’été 2010, j’ai marché le long d’une rivière du Forez, le Lignon, de sa naissance jusqu’à sa chute dans la Loire.
Œuvre à trois voix : photographies, peintures et notes écrites, à partir du texte d’Honoré d’Urfé,
L’Astrée, première histoire d’amour de la littérature baroque, situé au bord du Lignon.
50 photographies
Des fragments du texte d’Urfé écrits sur bandes de tissu, ont été déposés à chaque kilomètre de l’itinéraire
et ont dérivés au fil de l’eau.Les photographies témoignent de cette dérive.
Ce fut une promenade singulière, rythmée de loin en loin par la répétition de ce geste, à la fois hommage
à un récit ancien mais toujours aussi incisif et prolongement de mes recherches autour des pièges optiques de l’eau.
50 peintures
Les fragments de phrases inscrits sur tissu, fabriquent cinquante peintures sur papier
et technique mixte, de 50 cm de hauteur sur la longueur de la bande de 45 cm à 95cm.
A partir de l’expérience vécue, les peintures sont traces et mémoires en décalage, un conservatoire mémoriel.
Les deux propositions (peintures et photographies) forment ce que j’appelle une expérience double.
Un journal de marche
50 fragments d’écrits se sont constitués au fil de la marche.
(Restitution par diaporama sonore photographies et journal de marche lu)
''Le travail d’Emmélie Adilon est celui d’une expérimentation. Le chemin qu’elle a suivi dans l’aventure du « Cours de la rivière »
est une épreuve dans les sens où il a fallu qu’elle éprouve le temps, la marche, le paysage, la poésie et le cours de l’eau.
Se fixant un protocole à la fois très précis et souple, Emmélie Adilon s’est emparée du texte d’Honoré d’Urfé, l’Astrée (1607-1627),
pour tenter de lier texte et paysage, flots des mots et remous de la rivière, évocations poétiques visuelles et sonores.
Cette promenade au fil de l’eau s’inscrit dans un contexte spécifique, la Loire, le Lignon, non loin de la Bâtie d’Urfé,
terre du grand-père de l’auteur de l’Astrée, humaniste et ami fidèle de François1er, gouverneur royal et bailli du Forez au XVI siècle.
L’artiste parvient à convoquer une mémoire intemporelle, celle du XVII siècle, la nôtre, celle d’une source millénaire
grâce aux indices d’une pensée, de sentiments, d’émotions et de questionnements inscrits sur des bouts de tissus flottant sur
la rivière puis intégrés à la peinture de l’artiste. Le dispositif qui nous permet de voir l’image et entendre la voix de l’artiste
égrener les kilomètres et les fragments sensibles qui lui sont apparus au fil de la marche, permet une immersion troublante dans
l’univers poétique d’un paysage qui nous transporte.''
Pauline Faure musée d’art moderne de Saint-Etienne
Travail présenté lors de l’exposition LOCAL LINE 12
paysages contemporains
Musée Paul Dechelette Roanne, (commissariat musée d’art moderne de Saint-Etienne)
automne 2012